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Alexandra CoutléeEn tant qu’adultes, nous aimerions épargner les souffrances de la vie à nos petits trésors et, pourtant, les épreuves sont une grande source d’apprentissage. La façon dont une perte va être vécue dans la tendre enfance influencera la façon de vivre les pertes à venir. Les enfants, tout comme les adultes, vivent les émotions et les souffrances liées au deuil, mais leur compréhension de la mort évolue étape par étape, en fonction de leur âge.
À chaque âge une nouvelle étape
L’enfant d’âge préscolaire comprend la mort comme une séparation et un phénomène temporaire. On peut être «un peu mort» comme disait mon garçon de 5 ans à propos d’un oiseau mort trouvé sur la route. Ce qui sous-entendait qu’il pourrait redevenir vivant, plus tard… Plus tard, entre 5 et 9 ans environ, l’enfant comprend la mort comme étant définitive, on ne change plus d’état, mais elle n’est pas encore universelle, ce qui veut dire que, pour un enfant de cet âge, on meurt uniquement parce qu’on est vieux ou malade. Pour l’enfant de 9 ans à 12 ans, la mort est universelle, tout le monde peut mourir, sans considération d’âge ou d’état de santé. À cet âge l’enfant aura souvent tendance à poser des questions sur le corps et ce qu’il va devenir. Les questions paraîtront parfois morbides aux adultes, mais là l’enfant cherche simplement à comprendre et à apprivoiser ce qui lui est difficile à intégrer. Cette étape annonce l’adolescence et ses questionnements sur la vie et la mort.
Que dire à l’enfant?
Quel que soit l’âge de l’enfant, il est primordial de lui annoncer le décès le plus tôt possible et, de préférence, en même temps qu’à l’entourage. Cela lui permettra, ce qui est important, de ne pas se sentir exclu du groupe familial. Pour lui annoncer le décès d’un proche n’hésitez pas à lui dire les choses telles qu’elles sont arrivées en utilisant des mots à sa portée, mais sans jamais masquer la vérité. Il y va de la confiance que l’enfant a en vous. De façon générale, on peut dire qu’un enfant en deuil va beaucoup modeler son attitude sur celle des adultes de son entourage. Si vous vous autorisez à exprimer vos émotions, il y a de bonnes chances pour que votre enfant se sente autorisé à exprimer les siennes à son tour.
Évitez les phrases du style Il est parti au ciel ou Le petit Jésus l’a rappelé, pour le jeune enfant ce sont des phrases qui sont très angoissantes car il peut imaginer que le petit Jésus veuille le rappeler lui aussi. L’enfant a besoin de savoir la vérité. Vous vous sentez démunis pour annoncer le décès à votre enfant? N’hésitez pas à vous faire aider, que ce soit par un professionnel, un intervenant d’une association dont c’est la mission, une personne de votre entourage ou encore par une lecture appropriée, il existe maintenant beaucoup d’ouvrages abordant cette question.
Que vit l’enfant?
L’enfant peut vivre de l’insécurité qui se traduira par un attachement renforcé à son parent restant lorsqu’il s’agit du décès d’un des parents. Il cherchera à le protéger en prenant soin de son papa ou de sa maman. Il vit souvent aussi de la culpabilité et il est important de dire et répéter à l’enfant que ce n’est pas de sa faute, que grand-papa n’est pas mort parce qu’il n’avait pas été sage. En effet, l’enfant, au stade de la pensée magique, croit que les choses peuvent arriver à cause de ses pensées ou de ses actions. Rassurez-le aussi sur le fait que vous allez vous occuper de lui. Soyez attentifs aux jeux de votre enfant, celui-ci aura souvent tendance à mettre en scène ce qu’il vit dans ses jeux. Ne soyez pas inquiet s’il joue à être grand-papa dans son cercueil, la plupart du temps cela signifie qu’il est en train d’apprivoiser ce qui lui arrive. Observez les changements de comportements éventuels (isolement, perte d’intérêt pour tout ce qu’il aimait avant, difficultés au niveau du sommeil, de l’appétit…) de votre enfant et s’ils persistent, n’hésitez pas à consulter.
Prenez du temps avec votre petit ou votre grand
Proposez-lui des activités qui peuvent l’aider à exprimer ses émotions. Lire un livre ensemble peut-être un bon déclencheur pour un échange, proposer de dessiner ou d’écrire ce qu’il vit ou ce qu’il aurait aimé dire à sa marraine qui est partie. N’ayez pas peur de pleurer avec lui, cela lui indiquera que vous vous autorisez à vivre vos émotions et à lui en parler. Mais ne vous laissez pas complètement submerger par elles devant votre enfant, celui-ci pourra craindre pour vous et ne plus vouloir se confier de peur de faire pleurer maman. Comme me disait une grande fille de 12 ans qui a perdu son père, Tu sais elle est sensible ma mère, je ne veux pas la faire pleurer.
Et les rituels, à quoi ça sert?
N’hésitez pas à faire participer votre enfant aux rituels s’il le souhaite, que ce soit aller au salon funéraire, à la cérémonie, au cimetière: tous ces moments forts lui seront bénéfiques dans la mesure où l’enfant est accompagné et bien entouré. Préparez-le et répondez honnêtement à ses questions. Cela lui permettra d’exprimer ses émotions, de partager avec vous et tout ses proches, ses craintes et sa tristesse.
Parlons-en tant qu’il fait encore beau
N’oublions pas qu’il n’est pas nécessaire d’attendre un décès pour parler de la mort aux enfants. Ceux-ci d’ailleurs s’intéressent spontanément à la mort. Que ce soit dans leurs jeux, pour l’apprivoiser, lors de fêtes comme l’Halloween ou encore lorsque, adolescents, ils cherchent un sens à leur vie et se questionnent sur la mort ou l’au-delà. Les occasions d’en parler dans la vie de tous les jours ne manquent pas. Que ce soit suite à la lecture d’un livre, lors du décès d’un animal familier ou encore en passant devant un cimetière. En parler à ce moment-là, en dehors de tout contexte émotionnellement chargé, sera très aidant et le préparera aux pertes futures. Parlons-en tant qu’il fait encore beau!
Claire Foch est formatrice et thérapeute, vous pouvez la joindre au (450) 464-7746 Ou sans frais 1-800-777-0889, poste 4103.
courriel : clairefoch hotmail.com