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Liliana UribéImaginez un instant que vous passez vos années d’écolier à être toujours le dernier... Toujours le dernier... tout simplement parce que votre nom est le dernier qui apparaît sur la liste de présence de votre classe.
Mes enfants fréquentent une bonne école qui organise plusieurs activités de levée de fonds auxquelles la plupart des parents acceptent de participer. Mon fils était en deuxième année lorsque que je l’ai inscrit aux fameux dîners pizza. Toutes les deux semaines, pour la somme de 4,50 $, les enfants recoivent de la pizza et, bien sûr, un jus de fruits et une crème glacée.
Mon fils était ravi à l’idée de ce dîner. Six mois plus tard, toutefois, il m’apprend que puisque les monitrices de l’heure du dîner utilisent la liste de présence pour distribuer le tout et que son nom de famille commence par une des dernières lettres de l’alphabet, il est tout simplement le dernier à recevoir son dîner chaque fois... Laissez-moi imaginer le scénario... Attendre que 26 personnes passent avant toi chaque fois, ce n’est pas très chouette. Et je vous épargne les incidents qui peuvent survenir à l’occasion et rendent l’attente encore plus longue…
Toute cette situation m’a un peu déplu, surtout lorsque c’est simplement à cause du nom de famille que l’on porte. Après tout, on ne le choisit pas, celui-là. Mais nous pouvons tout même choisir une meilleure méthode de distribution pour ces pizzas, histoire d’être un peu plus justes avec tput le monde. J’ai donc communiqué avec le comité en charge des dîners à l’école. Ils ont tout d’abord tenté de me rassurer en me disant de ne pas m’en faire puisque, après tout, il ne s’agissait que d’enfants et que modifier la façon de faire la distribution, ce serait très compliqué...
C’est alors que j’ai eu, d’après moi, une idée géniale ; ) ... Je leur ai suggéré de continuer d’utiliser la liste alphabétique pour distribuer les pizzas, mais en faisant une rotation. Il y aurait une « semaine A » et une « semaine Z ». Au cours de la semaine A, on appellerait les noms de A à Z et la semaine Z venue, on appellerait les noms de Z à A. Ma méthode de distribution fut acceptée et adoptée... Sauf que je devais constamment leur rappeller comment mettre en pratique mon idée de distribution – si compliquée en apparence mais pourtant si juste.
En juin dernier, mon fils a terminé sa sixième année. Et j’appris, à ma grand déception, que pendant toutes les dernières années, le comité en charge des fameuxs dîners pizza s’était pas mal foutu de mon idée. Lorsque j’ai demandé à mon fils pourquoi il ne me l’avait pas dit, il m’a répondu, d’un ton résigné : « Maman, après tous tes efforts en vain, j’ai fini par m’habituer. »
Cette année, ma fille est en deuxième année et elle ne sera pas inscrite aux fameux dîners pizza, pas parce que je ne veux pas collaborer avec cette levée de fonds mais tout simplement parce qu’elle ne veut pas manger de pizza à l’école. De mon côté, je vais m’assurer qu’aucun autre enfant ne sente qu’il devra « finir pas s’habituer ».
Le 20 novembre prochain, c’est la journée mondiale de l’enfance. Je vous invite tous à poser un geste d’amour et de respect envers ces grands citoyens de demain. Vous verrez… le monde se portera alors beaucoup mieux !