Votre enfant aura-t-il une vie heureuse ?

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Date de publication

lundi 12 juillet, 2021

Ressource

Anik Routhier

Aimeriez-vous pouvoir répondre à cette question ? En principe, vous pourriez le faire à l’aide d’une simple guimauve. Eh oui, une guimauve ! L’idée est aisée. Présentez à votre enfant une guimauve (ou une autre petite gâterie que votre enfant apprécie). Dites-lui qu’il peut la manger maintenant, mais que s’il attend votre retour (ou que vous ayez fini une tâche, qu’importe), vous lui en donnerez une autre. S’il a mangé la première lorsque vous revenez avec la seconde, avisez-le qu’il n’y aura toutefois pas droit. 

Ensuite, disparaissez du champ de vision de votre enfant et laissez-le cogiter pendant plusieurs minutes, alors que vous l’observez de loin sans qu’il vous voie. Selon une étude de 1972 dont les résultats ont été revalidés en 2011 sur un millier d’enfants suivis pendant 30 ans, il est possible de prédire que les enfants qui ont attendu la seconde guimauve réussiront mieux dans la vie (ils auront moins de problèmes de santé, de dépendance ou de criminalité, et un meilleur revenu moyen). Ce test peut être effectué dès que l’enfant a environ trois ou quatre ans, mais vous pouvez vous le faire avec des enfants plus âgés. Allongez tout simplement le temps d’attente si votre enfant est plus grand. L’idée est de rendre ce délai légèrement inconfortable pour lui, et de ne pas intervenir du tout pendant l’attente.

Cette expérience est en lien avec la capacité de l’enfant à apprécier le bonheur en différé, c’est-à-dire d’être en mesure de faire un sacrifice dans le moment présent en vue d’une récompense plus importante dans le futur.

Comme parent, il est possible d’aider votre enfant à développer cette habileté qui semble essentielle pour une vie heureuse. D’abord, il importe d’être digne de confiance. Parmi les enfants qui mangent immédiatement ou en peu de temps la guimauve, chez certains, c’est le manque de confiance qui pousse à passer à l’action. En effet, si le parent d’un enfant n’a de cesse de lui faire des promesses qu’il ne respecte pas, ou très rarement, à quoi bon attendre le retour du parent ? Mieux vaut profiter de ce qui se présente devant soi sans tarder !

D’autres enfants ont plutôt été habitués à ce que, même s’ils ne respectent pas la « consigne », on leur donne sans cesse des occasions de se reprendre. Dans ce cas également, l’enfant ne craint pas les représailles et se montre plutôt téméraire : il mange la guimauve avec la certitude que l’adulte ne respectera pas l’engagement initial et lui remettra quand même une guimauve additionnelle. Dans cette situation, l’enfant manque étonnamment aussi de confiance en le parent, puisque les conséquences promises (qui sont en quelque sorte des « promesses négatives ») ne sont qu’exceptionnellement appliquées.

Bref, le comportement du parent peut grandement influencer la réaction de l’enfant face à la gratification différée. Ainsi, portez une attention particulière aux engagements que vous prenez, et idéalement, ne les énoncez que lorsque vous êtes certain de les respecter. En procédant ainsi, vous apprenez non seulement à votre enfant à vous faire confiance, mais aussi à faire confiance à la vie, et à comprendre que ses comportements positifs, efforts et sacrifices peuvent générer des récompenses à moyen ou à long terme, et ce, tout au long de sa vie.

Si vous êtes curieux de visualiser cette expérience, cette vidéo de trois minutes, qui présente des enfants de divers âges, vous fera assurément sourire : https://www.youtube.com/watch?v=xybQrxvpOnY (The Marshmallow Test 3:45).

 

Anik Routhier
Enseignante en Techniques d’Éducation à l’enfance