Date de publication
Ressource
Anik Lessard Routhier
Pour en savoir plus
La fabrique à bonheur
http://www.lafabriqueabonheurs.com/
Dossier pédagogique sur les cartes mentales
http://carrefour-education.qc.ca/dossiers/les_cartes_mentales_ou_l_art_de_favoriser_la_r_ussite_des_l_ves_en_se_simplifiant_la_vie
Apprendre à apprendre avec les cartes mentales
http://www.cndp.fr/crdp-besancon/index.php?id=cartes-heuristiques
Septembre : le mois des éternels retours. Les vergers se remplissent à nouveau, les téléromans sont de retour à l’affiche, les enfants reprennent le chemin des classes... Quelles magnifiques occasions de profiter des petits bonheurs de la vie. Cela dit, un élément assombrit ce lot de beaux moments, car septembre, c’est aussi la reprise des devoirs et des leçons.
Qu’à cela ne tienne ! J’ai une bonne nouvelle pour vous, chers parents ! Il est possible de rendre l’apprentissage des leçons facile et amusant et, en prime, d’aider vos enfants à apprendre plus rapidement tout en conservant leurs nouvelles connaissances à long terme. L’étude et la préparation des examens, l’apprentissage des exposés oraux et même la gestion des tâches deviendront un jeu d’enfant, pour les petits comme pour les grands. Quelle est donc cette astuce incroyable, à laquelle j’ai personnellement décerné le prix de « découverte pédagogique de la décennie » ? Les cartes mentales !
Cartes mentales, heuristiques ou schémas…
Le concept de carte mentale (ou « carte heuristique », « carte conceptuelle » ou encore « mindmapping ») devient de plus en plus à la mode dans le monde de l’éducation. Si certains pays comme la Finlande s’avèrent des précurseurs de cette méthode, les classes québécoises commencent à se laisser conquérir. D’une valeur inestimable sur les bancs d’école, je suis d’avis qu’elles constituent un véritable trésor à la maison également.
Qu’est-ce qu’une carte mentale ? C’est simplement l’organisation d’idées et de concepts sur une feuille, en format paysage, en prenant soin de relier les éléments entre eux. Accessible à tous, cette technique fait le bonheur des cerveaux, puisqu’elle permet de mettre en œuvre les forces des deux hémisphères. Lors de l’étude dite « standard » (à partir de livres ou de notes de cours), c’est plutôt l’hémisphère gauche, rationnel, qui prend les choses en main. La carte mentale, en vertu de son apparence qui comprend des liens ou des flèches, des formes, et même parfois des couleurs et des dessins, sollicite aussi l’hémisphère droit, plus artistique et plus intuitif. Les deux parties du cerveau collaborent donc avantageusement pour l’obtention de résultats supérieurs et durables, mais requérant moins de temps et d’énergie.
Comment faire ?
Il existe sur le Web bon nombre de ressources pour se familiariser avec cette technique (voir encadré). Certains bouquins, comme Apprendre autrement avec la pédagogie positive, d’Audrey Akoun et Isabelle Pailleau, aux Éditions Eyrolles, (un véritable coup de cœur pour moi) vous expliqueront aussi en long et en large ce dont il est question. Pour ma part, je dresserai ici les bases de la technique, en espérant vous mettre l’eau à la bouche, car les bénéfices d’une telle technique rendront le suivi scolaire beaucoup plus agréable et amélioreront sans aucun doute les performances de vos enfants, avec des efforts moins importants. Après tout, pourquoi s’échiner à passer des heures à étudier des tonnes de notes vite oubliées quand on peut le faire plus efficacement en quelques minutes ?
Pour démarrer, choisissez simplement votre sujet, que vous écrirez en plein milieu d’une feuille au format paysage. Cette orientation correspond au champ de vision de l’humain, qui est plus large que haut. Ensuite, spontanément, indiquez ce qui vous vient à l’esprit en prenant soin de relier les éléments au besoin. En fait, une carte peut avoir différents niveaux et les liens peuvent aller dans tous les sens. On peut aussi écrire sur les flèches, ajouter de la couleur aux mots, des dessins… Tout est possible, car les cartes mentales mettent à profit tant la structure de la pensée que la créativité. Pour une vision plus concrète, jetez un coup d’œil à la carte mentale que j’ai réalisée. En outre, n’oubliez pas l’astuce mnémotechnique CQQCOQP (« c’est cucul, c’est occupé ! ») En répondant aux questions comment, quoi, qui, combien, où, quand, pourquoi, vous obtiendrez une carte exhaustive, quel que soit votre sujet de base.
C’est plus simple qu’il n’y paraît : il faut seulement s’y mettre et pratiquer ! Au début, les cartes paraîtront plus ou moins bien organisées et manqueront peut-être de cohérence ou de logique. Cependant, à force de s’exercer à en créer, vous constaterez bien vite que votre enfant prendra de l’assurance et que ses cartes seront de plus en plus évocatrices. Notez que les cartes se prêtent aussi bien à une réalisation sur papier qu’à l’ordinateur. Plusieurs logiciels gratuits peuvent d’ailleurs être téléchargés (comme FreePlane ou Xmind, très faciles d’usage).
Un apprentissage actif et durable
En travaillant à sa carte, votre enfant se met déjà en mode d’apprentissage, puisqu’il doit créer des liens entre les notions et chercher les mots clés les plus significatifs. Il s’approprie ainsi la matière de façon personnalisée.
Contrairement à des notes rédigées de manière linéaire (c’est-à-dire des phrases qui se suivent dans un texte ou à l’aide de puces), la carte mentale n’est pas statique. On peut y ajouter des éléments en tout temps, et n’importe où. Cet avantage s’avère fort pratique en classe, si votre enfant utilise la carte mentale pour prendre des notes, puisqu’il peut structurer les notions entre elles au fur et à mesure, même si l’enseignant saute du coq à l’âne. Par ailleurs, le fait de noter uniquement des mots-clés rend la prise de note beaucoup plus rapide; les élèves peuvent alors demeurer plus attentifs aux messages entendus. Cette intéressante vidéo, un reportage en français réalisé dans une classe de Finlande, vous en convaincra (http://www.culturedel.info/cactusacide/?p=40)
Une fois sa carte terminée, ou même en cours de processus, l’élève peut étudier en « expliquant » ce qui apparaît devant lui. En fait, il utilise les mots clés choisis pour émettre des phrases. Or, comme aucune d’elle (ou presque) n’est écrite, l’apprenant n’a d’autres choix que de reformuler à sa façon, ce qui garantit : 1) que l’élève comprend ce qu’il dit ; 2) qu’il n’y a pas de plagiat. Or, cela est souvent le cas quand les enfants ont à faire des recherches.
Lorsque j’étais enseignante au primaire, combien de fois ai-je vu des travaux qui ne sont qu’un ramassis de phrases recopiées par-ci par-là ? En questionnant les élèves sur le contenu de ce qu’ils avaient réécrit, je constatais souvent qu’ils n’en comprenaient même pas la véritable signification. Contrer cette lacune se révèle particulièrement utile lors de la préparation d’exposés oraux. La plupart des jeunes rédigent un texte qu’ils tentent d’apprendre par cœur (ou qu’ils lisent carrément devant la classe). Avec les cartes mentales, aucune lecture de devient possible puisqu’il n’y a plus de phrases. La carte sert tout bonnement d’aide-mémoire pour la présentation, mais vous constaterez qu’elle risque de ne même pas être consultée, tellement les notions auront été facilement mémorisées.
En effet, une fois sa carte adéquatement expliquée en ses mots, l’élève n’a plus qu’à la dissimuler pour en refaire le tour, de mémoire, un peu comme s’il se remémorait la visite d’un lieu et passait d’un endroit à l’autre sur une carte. Vous serez surpris de constater que votre enfant, souvent en une ou deux fois, aura retenu l’ensemble de la carte (ou presque). Comment est-ce possible ? Cela repose sur le fonctionnement du cerveau : lorsque les éléments à retenir sont « installés » dans l’espace, le cerveau retient mieux.
Sceptique ? Faites ce simple test. Trouvez une liste de vingt mots et prenez 90 ou 120 secondes pour la mémoriser. Combien de mots aurez-vous retenus ? Reprenez ensuite le même exercice avec une nouvelle liste de vingt mots. Cette fois-ci, placez mentalement les mots dans la pièce où vous vous trouvez. Exemple : vous êtes dans la cuisine et vous devez mémoriser des mots, dont : banane, front, Canada, orignal et spaghetti. Placez mentalement le mot banane sur le frigo, le mot front sur le grille-pain, le mot Canada sur le comptoir, le mot orignal sur l’armoire et le mot spaghetti dans le four à micro-ondes. Une fois les secondes écoulées, tentez de vous remémorer la liste. Vous ferez le tour de la pièce et chaque endroit vous rappellera le mot qui y avait été placé. Ça fonctionne à merveille !
La technique est d’ailleurs si efficace que j’ai déjà connu quelqu’un qui mettait de véritables « post-it » de contenu partout dans la maison pour se préparer à ses examens. Une fois devant l’épreuve, il se remémorait où se situaient les notions, et obtenait des résultats impressionnants.
Un suivi parental plus facile et plus utile
Si l’usage de cartes mentales permettra, à moyen terme, à votre jeune d’acquérir une grande autonomie dans ses apprentissages, cette technique facilitera aussi le soutien que vous pouvez offrir à la maison.
Évidemment, au départ, vous devrez encadrer votre enfant dans la réalisation de ses cartes et l’aider à faire des liens ou à préciser sa pensée. Une fois que les habiletés de votre enfant auront évolué, vous pourrez le laisser aller librement, puis relire ses cartes pour vérifier si elles sont claires. Une carte bien faite permet à un lecteur extérieur de comprendre rapidement les notions : c’est un résumé d’une efficacité redoutable. Celui-ci vous permettra de questionner votre enfant. N’oubliez pas que le survol d’une carte mentale exige peu de temps et peut être répété sur plusieurs jours d’affilée, pour une rétention puissante.
Vous pouvez choisir cette technique pour réviser les mots de vocabulaire, en demandant à votre enfant de les placer sur une carte, de les colorier, de les associer… Cela nécessite un peu plus de temps, mais les mots seront beaucoup mieux orthographiés.
Des témoignages éloquents !
Lorsque j’ai découvert les cartes mentales, j’ai eu un véritable coup de foudre intellectuel. J’ai adopté cette technique et, depuis, je m’en sers pour organiser mes projets, réfléchir à mes valeurs, étudier l’espagnol, etc. Je l’utilise aussi beaucoup lorsque j’enseigne, allant même jusqu’à résumer les travaux exigés sur une carte ou à faire des schémas pour évaluer les travaux de mes étudiants selon des axes prédéterminés. Plusieurs de mes étudiantes ont aussi eu une révélation. Bon nombre m’ont d’ailleurs adressé le même commentaire : « Dommage que personne ne nous ait parlé des cartes mentales avant, car ça fait toute la différence pour étudier et noter ! »
J’ai aussi constaté une nette amélioration dans les présentations orales et recherches de mes filles. Depuis que je les ai initiées à cette méthode, l’aisance de mes enfants pour s’approprier le contenu de leurs projets et présenter leurs exposés s’est décuplée. Leurs exposés, qui s’étendent entre 15 et 20 minutes dès le 1er cycle et vont jusqu’à 60 minutes au 3e cycle, sont effectués sans aucune lecture, dans leurs propres mots. Même ma petite dernière, en maternelle, a effectué son dernier projet à l’aide d’une carte et a pu exprimer facilement ce qu’elle voulait dire, dans un oral de quelques minutes.
Mon beau-fils, qui avait toujours de la difficulté à savoir par où commencer quand il rédigeait des textes, est maintenant en mesure d’en produire en un temps record, puisque la carte facilite la création d’un plan évocateur.
Enfin, j’aime tellement les cartes que l’habitude que j’avais de réfléchir à ma vie en écrivant dans un petit carnet s’est volatilisée ! Je m’adonne plutôt aux cartes mentales et tout s’éclaircit en moins de deux ! Sur ce, j’espère vous avoir convaincu de donner une chance à cette simple et merveilleuse technique qui se prête à toutes les sauces. Vous serez comblés !
_________________________________
Anik Lessard Routhier
Enseignante et auteure de la trilogie Hommes à parier