Dompter les monstres sous le lit...et autres générateurs d'angoisses

Retour aux articles

Date de publication

vendredi 17 octobre, 2014

D'où viennent tous ces monstres qui préoccupent les journées des tout-petits et qui viennent même hanter leurs nuits ? S'ils sont, au moins partiellement, issus de l'imagination débordante des jeunes enfants, leurs effets malfaisants sur l'assurance des enfants et sur la durée du sommeil des parents sont toutefois bien réels...

Pour le fils de Carmen, ce sont les abeilles qui poursuivent ses pensées jusque dans ses rêves, même si celles qu'il rencontre au quotidien sont plutôt inoffensives. À la place les abeilles, le garçon de Carmen aurait tout aussi bien pu être victime d’angoisses concernant les monstres sous le lit, les vampires entre les murs, les voleurs, les tremblements de terre ou même ... le Père Noël !

En effet, à l'âge préscolaire, l'enfant en connaît juste assez pour se construire bien des fantasmes et trop peu pour situer la frontière entre la réalité et la présomption fantaisiste. Certaines craintes, qui trouveront quelques appuis dans la réalité, peuvent parfois se maintenir même chez les adultes, parents ou grands-parents, sous le savant nom de phobies. Mais ce lien entre les impressions inquiétantes de l'enfant et la persistance de la peur dépend de toute une sensibilité et d'un contexte que l’enfant devra maîtriser pour en ressortir vainqueur.

 

Le pays de la peur, au coin de la chambre


Il serait trop simple de pouvoir fermer définitivement la porte du pays des monstres; mais les sources pouvant inspirer la frayeur, allant des nouvelles à la télé, jusqu'au regard un peu plus sombre d'un chat, en passant par la légende mal digérée, sont beaucoup trop vastes et répondent à des réflexes beaucoup trop naturels pour pouvoir être totalement évitées. À des âges où le système moral des enfants en est encore à se définir et où les signes de danger ne sont pas toujours adéquatement identifiés, il n'est pas toujours évident pour les petits de réagir de façon cohérente à ce qui leur semble hostile ou bienfaisant, et ce, d'autant plus que les jeunes enfants n'ont pas encore saisi toutes les nuances qui leur permettraient d'interpréter ce qu'ils voient autrement que comme totalement bon et protecteur ou totalement mauvais et périlleux. Et même à l'époque où ils deviennent prêts à croire papa et maman, lorsque ces derniers leur disent que les monstres n'existent pas, certains enfants sont plus sensibles que d'autres à la petite voix du « Et si jamais c'était vrai... » qui continue à bourdonner dans leur tête, et ce, d'autant plus que leur réalité quotidienne leur fait découvrir des histoires merveilleuses ou un brin effrayantes, que les grandes personnes, qu'ils prennent pour guides, aiment bien partager aux enfants, afin de rendre leur enfance un peu plus magique.

 

Mylène Ginchereau, psychoéducatrice en CLSC discute d'ailleurs souvent avec les parents de ces peurs induites par la culture, notamment celles qui sont parfois utilisées avec l'intention louable d'inculquer de bonnes habitudes : « Parfois, comme parents, pour motiver les enfants à faire ce que l'on attend d'eux, que ce soit manger ou dormir, nous faisons appel aux conséquences : si tu ne manges pas, tu tomberas malade, si tu tombes malade, tu risques de mourir. [...] Si l'enfant est en mode combat ou fuite au moment du coucher, comment peut-on s'imaginer qu'il va s'endormir paisiblement ? L'attente du sommeil risque alors d'être beaucoup plus longue. »

 

Il peut toutefois arriver que les parents jugent nécessaire de sensibiliser leurs enfants à des risques qui les entourent, comme les guerres, des prédateurs sur Internet ou les désordres écologiques. Mais notre vision du monde plus « réaliste » ou la représentation de ce qu'est, pour les adultes, la « réalité » n'est pas forcément de nature à rassurer les enfants, surtout si le message n'est pas transmis de manière adaptée à leur âge. En ce sens, une information découverte à travers le langage sensationnaliste des médias d'actualité ou du cinéma, offrant chaque jour des preuves que le monde est dangereux, à des enfants n'ayant pas encore le développement cognitif et une compréhension géopolitique nécessaires pour remettre les choses en perspective, risque de leur faire vivre bien des angoisses inutiles. Il devient alors difficile pour un enfant de prendre conscience que ces réalités dramatiques ne risquent pas de survenir dans sa propre vie, et ce, d'autant plus que les petites et grandes personnes anxieuses sont davantage portées à se construire des scénarios.

 

Mais, malgré toutes les précautions des parents, il arrive que les enfants se trouvent confrontés à des événements traumatisants. Ce fut le cas de Simone, dont toute la famille fut un jour éveillée par un gros tremblement de terre : « Par la suite, à l'école, ils leur ont montré comment se cacher sous leur pupitre, si cela recommençait. Mais six mois plus tard, à la maison, elle avait encore peur. » Selon la psychologue Nadia Gagnier, les peurs sont, en effet, souvent associées à un contexte précis, mais elles ne sont pas pour autant insurmontables, même lorsqu'elles sont directement ancrées dans les événements du réel, puisque la réalité offre aussi beaucoup d'occasions de nuancer, voire de s'émerveiller, mais surtout de développer ses aptitudes à se protéger. Ainsi, pour contourner une peur des vampires, sans tomber dans l'évitement, Nadia Gagnier a déjà tenté d'inciter un enfant à s'intéresser à la vie palpitante des chauves-souris, bien réelles. Par contre, devant le drame et les séquelles d'un enfant ayant vu son père périr dans un incendie bien réel, cette psychologue décida de combattre le feu par le feu : « Oui, c'est vrai, le feu, c'est dangereux, mais nous sommes allés rencontrer les pompiers pour voir ce qu'ils font; ils sont venus ensuite faire une visite préventive à la maison, en expliquant à l'enfant ce qu'il faut faire en cas d'incendie. Cela nous a aussi donné l'occasion d'aborder la gestion du risque raisonnable. Ensuite, l'enfant est devenu un peu le pompier de la famille. C'est lui qui savait quoi faire et pouvait en parler à ses amis. Il était vraiment fier. »

 

La peur en héritage


Pourtant, entre les petits pompiers en herbe et les grands inquiets, l'anxiété n'attend pas l'âge critique où s'exprime la peur du noir, vers 2-3 ans, avant d'apparaître. Vers six mois déjà, les nourrissons ressentent l'anxiété de séparation et s'effraient à l'approche des inconnus. Et ce sentiment de vulnérabilité, inégalement réparti entre les enfants, n'est pas toujours bien compris des parents qui ont pourtant, par leur réaction, un rôle essentiel à jouer dans l’évolution de ce trait anxieux. Ainsi, Mylène Ginchereau a pu parfois observer la réaction de parents d’enfants plus craintifs au moment de goûter un plat nouveau ou d'une texture inconnue, ou d'enfiler un vêtement inconfortable : «La peur de l'enfant de vivre des sensations désagréables peut passer pour un caprice parce que le parent ne comprend pas ce que son enfant ressent; mais en se désorganisant, le parent confronte l'enfant à une autre situation imprévisible qui complique encore davantage la situation. »

 

Les peurs, chez les enfants qui grandissent, peuvent aussi trouver leurs assises dans l'observation des grandes personnes qu'ils aiment et qui, longtemps durant l'enfance, leur apparaissent comme des personnages invulnérables ou, du moins, des modèles de sagesse dans l'art d'évaluer le danger. Le parent a donc tout avantage à se battre contre ses réflexes surprotecteurs s'il veut éviter de convaincre malgré lui son enfant que sa surprotection est vraiment nécessaire. Certains parents demeurent toutefois plus à l'écoute de cette petite voix craintive et intérieure lorsqu'ils ont eux-mêmes eu à vivre leur anxiété sous le regard des autres : « Admettons que ma fille a peur des araignées comme j'en ai eu peur moi-même; je veux que l'on respecte son désir, même si la peur est paralysante », remarque Nadia Gagnier. Cette dernière a toutefois pu observer souvent qu'une telle attitude parentale confirme à l'enfant qu'il n’a pas la compétence nécessaire pour affronter la situation ou encore, pour démontrer les preuves de courage que son parent attendrait de lui. Le défi devient encore plus grand lorsque le parent qui doit affronter ses phobies n'est pas tout à fait conscient de ses propres peurs. Ceux qui le sont davantage pourront toutefois se montrer plus ouverts à trouver des solutions pour contourner le problème en indiquant aux enfants des personnes de confiance pour les accompagner devant les épreuves que certains parents, comme Aïda, ne se sentent pas prêts, eux-mêmes, à affronter : « Moi, j'ai toujours eu peur des chiens. Mais mon plus jeune les aime beaucoup et veut les toucher. Lorsqu'il est avec moi, je le laisse parler au propriétaire de chien et s'approcher, si le propriétaire confirme qu'il n'y a pas de danger; mais je reste en retrait, sans dire que j'ai peur. » Par bonheur, cette association va aussi dans les deux sens et Mylène Ginchereau sait, par expérience, que si un regard effrayé du parent peut parfois mener à la peur de l'enfant, un regard bienfaisant d'un parent peut, à l'inverse, aider l'enfant à échapper à des peurs superflues : « C'est une réaction que j'ai pu observer souvent : mon père était très bâti et il avait eu un accident qui l'a privé d'un bras. Cela pouvait faire peur, mais il était gentil et, lorsqu'il était quelque part, les parents lui souriaient et les enfants finissaient par se laisser rassurer. »

 

Toutefois, aucun spécialiste ne prétend que les parents doivent à tout prix préserver l'image que les enfants se font d'eux de grands personnages invulnérables pour bien jouer leur rôle de parents. Ils peuvent même avouer quelques peurs de jeunesse, histoire de montrer à leurs enfants... qu'elles peuvent être surmontées, ce qui peut aider ceux-ci à se sentir beaucoup moins seuls dans le monde de l'angoisse et même à recycler les vieux trucs des parents. Mais encore faut-il que ces craintes aient d'abord été vaincues.

 

Lorsqu'il s'agit d'aider des parents à combattre leurs propres anxiétés, Mylène Ginchereau se défend bien d'adopter une attitude trop critique envers eux, puisque les parents trop anxieux de laisser leurs enfants voler de leurs propres ailes agissent souvent ainsi par crainte de ne pas parvenir à bien jouer leur rôle de protecteur adéquat. Et cette crainte de ne pas être à la hauteur, qui les porte à surprotéger leurs enfants, contribue encore à ce que les enfants se sentent vulnérables : « Le but n'est pas de confronter le parent, ce qui, dans les cas d'anxiété, pourrait mener, de toute façon, à une réaction plutôt rigide, mais de le faire indirectement en les amenant à des prises de conscience, tout en misant sur leur sentiment de compétence. La compétence parentale, on passe souvent à côté... mais pour que le parent puisse amener son enfant à se sentir compétent, il doit se sentir lui-même compétent à le soutenir. »

 

Tolérer l'évitement, un choix risqué


Mais la peur est-elle si mauvaise en soi ? Assurément non, puisqu'elle constitue un mécanisme essentiel pour préserver son existence, le stress préparant même le corps à un effort physique, en cas de danger. Mais en évitant ce qui lui fait peur, l'enfant n'apprend pas qu'il a peut-être toute la compétence nécessaire pour affronter ce qui fait déborder son imagination de frayeur. Il ressent par contre un apaisement de courte durée qui, selon Évelyne Martello, infirmière à la Clinique d'évaluation des troubles du sommeil de l'hôpital Rivière-des-Prairies, peut l'amener à multiplier les sources d'évitements : « La peur amène avec elle une décharge d'adrénaline qui n'est pas nécessairement agréable et, même si l'objet de la peur ou son contexte disparait, le souvenir de cette mauvaise sensation, lui, peut rester. Par la suite, je peux commencer à éviter encore une chose davantage pour éviter cette mauvaise sensation plutôt qu'à cause du danger auquel j'associais d'abord la cause de la peur. »

 

Idéalement, donc, une réaction de frayeur inappropriée devrait être contrée dès que possible. Avec un peu de chance et quelques distractions, il est possible de faire oublier quelques objets d'inquiétude ; toutefois, il est bien rare, pense Nadia Gagnier, que le simple fait de demander, avec un regard sévère, de ne plus penser à ce qui n'existe pas suffise à étouffer la voix de la frayeur qui hante les esprits enfantins : « Si je te demande de ne plus penser à une licorne, quelle est la première image qui te vient en tête ? » demande-t-elle. De même, pour la psychologue Geneviève Marcotte, minimiser ce que ressent l'enfant l'amène à se sentir encore plus seul et démuni dans son univers de vampires ou autres créatures fantastiques qui, même s'ils n'existent pas pour le parent, sont bien réels à ses yeux. Et se sentir perçu comme une poule mouillée au regard du parent n'est pas de nature à donner du courage : « Nous pouvons très bien reconnaître sa peur sans accepter l'idée que ce qui l'effraie est vraiment dangereux », nuance-t-elle.

 

Pourtant, à l'inverse, les tentatives sans fin pour rassurer ne contribuent pas non plus, aux dires de Mylène Ginchereau, à une attitude plus paisible. Elles peuvent même, affirment les spécialistes, conforter les enfants dans leur idée que la présence de leur parent demeure nécessaire pour les rassurer. Entre ces deux extrêmes et devant un enfant qui souffre, il n'est toutefois pas toujours facile pour les parents de trouver le juste milieu, ce qui peut les amener à polariser leurs réactions et à devenir moins tolérants vis-à-vis de la position de l'autre. Ainsi, pour Aïda, les divergences sur la manière de gérer la peur deviennent, elles aussi, un élément de tension dans la famille : « Je comprends ce que mon fils ressent, mais son père veut l'obliger à faire des choses qu'il ne se sent pas prêt à faire. C'est comme si c’était lui qui avait peur de la peur des enfants. » Son geste de protection, perçu comme de la surprotection, ressemble alors à des dynamiques que Nadia Gagnier rencontre parfois en clinique : « L'autre parent qui voit cela et qui n'est pas anxieux, ou encore qui a surmonté son anxiété et comprend le piège de l'évitement, peut alors être plus tenté de forcer à aller de l'avant ; cela peut mener à des réactions du genre : "Plonge, tu apprendras à nager !". Les deux parents ont une partie de la solution, puisque l'enfant a besoin d'être compris, puis encouragé à se dépasser, mais deux parents avec des réponses contradictoires, cela ne donne pas nécessairement un équilibre. »

 

Et cela mène d'autant moins aux résultats attendus que, de l'avis de tous les spécialistes, une approche rassurante doit passer par la constance et la cohérence d'un parent, mais aussi entre les parents. Lorsqu'elle est confrontée à une telle dynamique, Évelyne Martello tente d'abord de s'attarder aux conflits de couples et aux compromis acceptables : « On s'entend alors sur le but à atteindre et on choisit ensuite une solution. » De manière générale, les parents peuvent s'entendre pour tolérer quelques craintes, tout en centrant leurs efforts sur celles qui entravent les activités quotidiennes ou les sorties entre amis : « Il n'existe pas de réponses toutes faites sur les bons moments où respecter la peur de l'enfant et quand le pousser à se dépasser. Souvent, on peut commencer par se demander quelle sera la conséquence et si cela empêchera ou non l'enfant d'être fonctionnel. Certaines activités, comme le vélo, peuvent le priver de beaucoup d'activités sociales, s'il y renonce. On peut l'aider à envisager les retombées de ses choix », suggère Geneviève Marcotte.

 

L'angoisse, une bien étrange charmeuse


Mais tous les enfants ne cherchent pas à éviter toutes les sources de frayeur. Ils peuvent même y trouver un certain attrait. Qui d'entre nous n'a pas aimé les histoires de peur racontées autour de minuit ou goûté le privilège d'assister à son premier film d'horreur ? « L'enfant se rend bien compte qu'il ne vit pas la situation au moment où nous la lui racontons, même s'il ressent la frayeur, ce qui lui permet de se donner une chance d'apprendre à maîtriser ses émotions. Et puis, tout en ayant peur, l'enfant peut aller chercher la sécurité d'une accolade », rappelle Mylène Ginchereau. Selon leur tempérament, les enfants abordent l'expérience avec plus de plaisir ou de réticence, et souvent, un mélange des deux. Ainsi, Nadia Gagnier se souvient de quelques nœuds dans la boiserie qui lui sont longtemps apparus comme des yeux vaguement monstrueux : « J'étais rendue à l'âge où l'on se rend compte que ces choses-là n'existent pas vraiment, mais j'avais quand même une petite poussée d'adrénaline à chaque fois que je passais à côté et je sautais vite dans mon lit, fière d'avoir vaincu ma peur. »

 

À l'âge où l'enfant commence à prendre conscience de réalités incontournables, la demande d'information ou encore d'histoires sur des thèmes pouvant inspirer une certaine frayeur peut aussi s'avérer une tentative pour répondre à des questionnements fondamentaux. Simone l'a compris graduellement, à travers les questions de son fils, après la mort de son grand-père : « Il nous posait beaucoup de questions sur ce que nous allions faire de ses meubles. Au début, sa préoccupation me semblait étrange puisque nous n'avions pas besoin de ces meubles-là. Mais finalement, j'ai fini par réaliser qu'il cherchait avant tout à comprendre ce qu'il restait après la mort. » À ce propos, Mylène Ginchereau prévient aussi parfois les parents que leurs croyances ou encore les réalités invisibles doivent être abordées avec prudence devant l'imagination fertile des enfants : « Les parents doivent savoir que pour l'enfant, qui est totalement dans le moment présent, ces aspects-là, qui font appel à un monde invisible, sans que l'enfant ait l'expérience suffisante pour prendre ses distances, peuvent éveiller beaucoup de frayeurs. Avant, les images d'enfer dans les églises, ce n'était pas nécessairement plus rassurant. »

 

Dans cette démarche de conquête de son propre courage, le regard des amis peut motiver les grands de 10-11 ans à dépasser parfois leurs limites. Évelyne Martello en rencontre parfois à la clinique qui rapportent éprouver des cauchemars suite à quelques films d'horreur. Elle suggère alors de ménager ces jeunes fiertés en transformant la fin des histoires, de manière à la rendre plus paisible ou rigolote. Mais rien n'oblige non plus les enfants à demeurer des spectateurs passifs dans ce processus, au contraire. Tous les thérapeutes des enfants s'entendent pour parler des ressources inépuisables des enfants, lorsqu'il s'agit d'en finir avec leurs monstres ou les peurs : allant des vaporisateurs anti-monstres, aux déguisements jusqu'aux lettres que l'on écrit aux lutins pour s'entendre avec eux. Afin d’éviter les nombreuses demandes de l’enfant pour être rassuré, Geneviève Marcotte suggère parfois à l’enfant d'illustrer par écrit ou par dessin ses sources d'angoisses, pour les ranger dans une boîte qui sera ouverte en fin de journée, en présence du parent : « La plupart du temps, ils réalisaient que la peur si intense en début de journée devient très faible ou même absente en fin de journée. Cela permet quand même de belles prises de conscience pour le jeune ».

 

Cette solution peut aussi s'appliquer dans le cas d'un cauchemar. De manière générale, le principe est donc avant tout de redonner à l'enfant la possibilité de trouver ses propres solutions, qui ne dépendent plus des parents ou du monde extérieur, pour contrer cet univers mystérieux des monstres, qui lui semble si terrible. « Une telle attitude permet au parent de se mettre au niveau de l'enfant, et à celui-ci de mieux comprendre ses pensées, de les déconstruire, d'en reprendre le contrôle, mais aussi d'inclure certains repères, fantaisistes ou plus réalistes, qui permettent d'échapper au danger, et finalement de terminer l'activité en se rappelant qu'après tout, c'est juste un jeu », explique Mylène Ginchereau.

 

Laisser l'enfant maître de ce jeu, ou encore tenter de limiter le contenu de ses réponses aux questions relatives à ses angoisses, permet alors de mieux se situer sur la frontière fragile entre le désir de dédramatiser et celui de préserver la magie de l'enfance. Geneviève Marcotte reconnait toutefois qu'il peut parfois s'avérer nécessaire de révéler aux enfants que certains monstres ont été inventés pour amuser ceux qui aiment se faire des peurs : « Cela ne signifie pas renoncer au monde de l'enfance tout à fait, mais y participer d'une autre façon et continuer à faire partie de l'histoire. On peut expliquer à l'enfant qui sait que le Père Noël n'existe plus que maintenant, il connaît maintenant un « secret de grands », qu'il doit préserver. Le deuil du Père Noël doit correspondre à quelque chose de positif. »

 

Apprivoiser sa solitude


L'heure du coucher figure sans doute en tête de liste des moments de la journée pour lesquels la recherche d'outils sera peut-être la plus active, puisque le grand méchant noir y est souvent la cause de bien des larmes. Mais est-ce vraiment le noir qui effraie ? Les thérapeutes mentionnent que le noir et le moment du coucher correspondent plutôt à un moment où l'enfant doit apprendre à surmonter seul tous les soucis qui tourbillonnent dans son esprit : « Moi, je dis aux enfants : "La peur du noir n'existe pas. Ce qui te fait peur, c'est ce que tu imagines dans le noir". Les enfants peuvent apercevoir vaguement, dans le noir, quelque chose qu'ils ne comprennent pas et sont portés à en faire le point de départ de tout un scénario. Ils ont une imagination très fertile. Ils se créent un monde intérieur et le projettent facilement à l'extérieur d'eux », raconte Geneviève Marcotte.

 

Ces situations de tensions ou de stress rendent la nuit plus propice aux cauchemars et même à la terreur nocturne, un état où, contrairement au cauchemar, l'enfant s'agite sans même se réveiller, une situation que Carmen se souvient bien d'avoir vécue : « J'entends parler mon fils en dormant, mais il ne se réveille pas et ne s'en souvient pas le lendemain. Cela a débuté lorsqu'il a commencé à angoisser pour son camp de jour qui s'en vient. » Le cauchemar "ordinaire", où l'enfant revient peu à peu à la réalité, est moins impressionnant. Le parent peut quand même aider son enfant à passer de l'émotion du cauchemar aux repères de la réalité, qu'il ne parvient pas à retrouver aussi spontanément qu'un adulte, même si, assure Évelyne Martello, ces mauvais rêves ne sont pas directement des symptômes d'un trouble anxieux : « C'est lorsque l'enfant commence à en faire 2-3 fois par semaine, ou plus, qu'il y aurait lieu de s'inquiéter, surtout si cela perdure pendant plusieurs semaines. »

 

Un rituel de séparation prévisible joue alors un rôle essentiel afin de faire le bilan des préoccupations de la journée qui pourraient nuire au sommeil et laisser l'impression de plonger seul dans un monde inconnu : « Cela permet de contrôler mieux son environnement, mais surtout ses pensées. La manière dont l'enfant se structure dans cet univers un peu moins connu donne aussi plusieurs prétextes à souligner les réussites par de petites récompenses, ce qui renforce encore davantage le sentiment de contrôle », décrit à ce propos Mylène Ginchereau. Geneviève Marcotte n'hésite pas non plus à suggérer aux parents de motiver l'enfant à identifier des indices, issus de son imagination ou de la réalité, qui pourraient l'aider à s'assurer que le loup n'y est pas, et sur lesquels il pourra revenir, même dans la solitude.

 

À travers cet échange, les enfants arriveront aussi peut-être un peu plus à bien identifier les objets et à s'approprier les rituels qui les aident à  plonger plus efficacement dans le sommeil. Il en va ainsi avec la lecture, pour les enfants de Carmen : « Le soir, lire, cela marche bien. Parfois, même, il lit tout seul, nous oublions d'y retourner et il s'endort, avec le livre dans les bras ». Un toutou réconfortant ou un objet à l'odeur de maman ou, au besoin, une veilleuse peuvent compléter cette ambiance. D'autres moyens, comme une porte laissée ouverte, peuvent aussi aider à convaincre un enfant que les parents ne sont pas si loin ; pour le fils d'Aïda, c'est un lien sonore qui a eu raison de ses inquiétudes : « Mon fils n'aime pas aller dans une pièce noire, le soir. Alors il continue à me parler pendant qu'il y va. Tant qu'il sent que je l'entends, cela lui convient. »

 

Évelyne Martello croit toutefois que certaines initiatives devraient être réservées pour d'autres heures du jour, comme les écrans et les jeux plus agités, puisqu'ils sont portés à nuire au sommeil. Une discussion du soir qui s'envenime, que ce soit ou non à propos de la réticence à demeurer seul, peut également nuire au sommeil. Nadia Gagner souligne alors qu'il ne faut pas oublier le but premier du rituel, qui n'est pas d'élucider les mystères infinis de la nuit : « Ce n'est pas nécessaire de tenter de faire comprendre à l'enfant qu'il s'agit d'angoisse de séparation plutôt que de peur du noir. L'important est de l'aider à la surmonter. »

 

Plusieurs parents se retrouvent alors coincés entre la culpabilité générée par les larmes de leur enfant et la pression de l'entourage, qui leur reproche de se laisser manipuler. Bien que chaque thérapeute propose des solutions pour aider les parents à travers cette transition parfois épuisante, le message général se veut rassurant puisque, de l'avis des spécialistes, un enfant qui s'affirme acquiert déjà certains outils pour lutter contre ce qui l'effraie. Par ailleurs Mylène Ginchereau remarque que, pour d'autres enfants, et surtout pour les plus anxieux ou les plus impressionnés par l'autorité parentale, la peur peut devenir franchement paralysante : « À 2-3 ans, certains enfants, s'ils sentent quelque chose qui les inquiète, n'oseront pas transgresser la règle de ne pas se lever; cela dépend du tempérament. »

 

De même, Nadia Gagnier souligne que le besoin de contrôle de l'enfant ne peut pas toujours suffire à tout expliquer et que l'attitude opposante elle-même va souvent de pair avec d'autres problématiques, dont l'anxiété, auxquelles il est souvent possible de remédier : « Parfois, ils ne se sentent simplement pas fatigués à ce moment-là, ou encore, ils réclament d'autres câlins parce qu'ils n'ont pas eu leur dose d'attention ce jour-là. Parfois aussi, ils ont du mal à gérer de gros événements de leur vie, que ce soit un divorce ou des problèmes à l'école, et cela ressort en fin de journée, avec la fatigue. On peut essayer d'imposer des méthodes disciplinaires, mais aussi essayer de comprendre ce qui rend l'enfant moins sûr de lui. »

 

Vaincre les dragons...un pas à la fois


Les facteurs anxiogènes dont doivent tenir compte les intervenants et les parents dans leurs démarches peuvent se résumer principalement à l'imprévu, la perte de contrôle, la faible estime de soi et la nouveauté. Toutefois, certaines personnes, plus vulnérables à l'anxiété généralisée, tendent à devenir des puits sans fin de demandes de réconfort, ne parvenant plus à mettre un terme par elles-mêmes aux pensées intrusives qui nuisent à leurs comportements, dans des situations de plus en plus variées. D'autres adoptent plutôt des rituels sans fin de vérifications, par lesquels ils tentent vainement d'annihiler le risque : « L'anxiété généralisée, c'est l'intolérance à l'incertitude. Je me souviens d'une adolescente qui avait peur du réseau Wi-Fi. Nous avons eu beau démonter l'ordinateur, lui en faire voir le contenu, il demeurait toujours un "Oui, mais si..." qui persistait. Pour une personne vraiment anxieuse, le 99,9 % de chance qu'il ne se passe rien du tout ne suffit pas et le 0,01 % de risque que quelque chose arrive peut suffire pour gâcher la vie », cite en exemple Nadia Gagnier. Les parents en arriveront alors peut-être au bilan qu'ils ont l'impression d'avoir épuisé toutes leurs ressources pour tenter de rassurer leur enfant.

 

Lorsque l’apparition de l’anxiété n’est plus liée à une situation particulière, un objet donné ou un moment précis de la journée, Mylène Ginchereau suggère fortement de chercher ce qui pourrait se cacher derrière et être plus étroitement associé au tempérament de l'enfant : « Quand la peur devient extrême, cela vaut la peine de recadrer le comportement, mais aussi d'essayer de comprendre la cause de cette peur dans la vie de l'enfant et d'essayer d'y réagir. Parfois, on peut se donner beaucoup de mal à combattre un monstre, mais au fond, ce qui hante l'enfant n'est pas cela du tout. » Le fait de pouvoir nommer ce qui doit advenir, d'aider à anticiper les événements, même si ceux-ci ne promettent pas d'être particulièrement agréables, peut aussi contribuer à éviter l'escalade des objections et des appréhensions.

 

Et si, après maints efforts de l'entourage, l'enfant parvient à maîtriser une de ses peurs, tout n'est cependant pas gagné, puisque les enfants anxieux ont parfois une multitude de thèmes d'angoisses en réserve. Geneviève Marcotte a surnommé cette expression viscérale de leur incertitude "peurs pop-corn" : « Un enfant, par exemple, s'inquiète des maladies et des germes, il réussit à rationaliser et commence à s'inquiéter dramatiquement pour tout ce qui pourrait briser dans la maison. » Lorsque les craintes commencent à envahir d'autres sphères de la vie, comme l'appétit, le sommeil ou la vie sociale, les thérapeutes suggèrent d'aller chercher quelques ressources à l'extérieur de la famille. Les CLSC sont parfois en mesure d'offrir un soutien concret aux familles aux prises avec une problématique d'anxiété, de même que les cliniques privées, que ce soit sous forme de thérapie ou de coaching parental. Quelle que soit l'approche favorisée, l'accompagnement du parent, anxieux ou non, n'en joue pas moins un rôle essentiel dans le traitement de ce genre de problématique et est plus convaincant pour l'enfant que l'intermédiaire que peut représenter le thérapeute. Ces derniers suggèrent donc parfois aux parents de traiter leurs propres angoisses afin de parvenir à jouer pleinement leur rôle d'aidant auprès de leurs enfants.

 

Si, en Europe, les thérapeutes semblent tentés par les approches psychanalytiques, le traitement de l'anxiété passe ici principalement par l'approche cognitivo-comportementale. Cette approche repose en premier lieu sur l'explication des mécanismes qui conduisent au piège de l'évitement, pour ensuite convenir avec le principal intéressé d'une séquence graduelle d'expositions à ce qui l'effraie. En cours de route, la personne anxieuse peut découvrir des outils permettant de contrôler momentanément sa peur, comme la relaxation ou la gestion de la respiration. Comme les grandes peurs des enfants n'empruntent pas toujours, dans la logique, les mêmes chemins que chez les adultes, une verbalisation en cours de route permet souvent alors de rétablir certaines associations erronées qui se tissent à travers les contes ou les mésaventures qu'a pu vivre ou entendre l'enfant entre un personnage que l'on croit méchant, comme une vilaine sorcière "parce qu'elle est laide" ou un autre "parce qu'il a des lunettes". Le petit effort pour laisser dans l'ombre nos propres interprétations contribue alors à mieux comprendre la manière dont se construisent celles des enfants et à parvenir à transformer plus efficacement une terreur gigantesque en petites étapes franchissables : « Souvent, on a tendance à ne pas laisser parler les enfants. On place nos propres hypothèses à la place de ce que l'enfant pense vraiment, ce qui risque d'amplifier le problème. Les raisons pour lesquelles les enfants ont peur d'une situation, d'une chose ou d'un animal peuvent être multiples : est-ce qu'il a peur d'un chat parce qu'il l'a griffé ? Parce qu'il n'aime pas ses yeux ? En y ajoutant nos propres interprétations, on contribue à construire ses peurs », prévient même Mylène Ginchereau. Par contre, en rectifiant graduellement la réalité, les parents peuvent s'attendre à voir jaillir tout un lot de nouvelles questions, surtout de la part de plus vieux.

 

La conscience de ce qu'ils vivent joue alors un rôle incontournable dans le désir des enfants de s'engager dans la démarche pour surmonter leurs peurs. Car si certaines peurs sont pour l'enfant franchement accaparantes, d'autres attirent quelques bénéfices secondaires ou encore visent un objectif qui n'intéresse pas vraiment l'enfant : « Lorsque l'enfant dit qu'il est "tanné d'avoir peur", c'est beaucoup plus facile. Certains enfants ont des peurs qu'ils considèrent comme plus honteuses que d'autres. Par contre, si un enfant parvient à déloger son parent du lit pour prendre plus de place, il ne sera pas forcément motivé à changer son comportement », mentionne Geneviève Marcotte.

 

Si les méthodes de relaxation peuvent être adaptées aux enfants, et encore plus facilement aux adolescents, les prises de conscience n'atteignent pas toujours le même degré de profondeur que chez l'adulte, surtout chez les jeunes enfants. Il s'avère parfois nécessaire d'aller à tâtons pour mettre le doigt sur ce qui effraie précisément. Mais ces processus d'accompagnement, parfois longs s'ils sont maintenus sans relâche, peuvent mener à quelques succès qui encouragent, en cours de route, autant l'enfant que son parent. Et Aïda, qui a vu son fils craindre tout ce qui pouvait lui rappeler l'Halloween, des fêtes d'enfants aux déguisements des magasins, peut aujourd'hui se féliciter du chemin qu'ils ont parcouru ensemble : « Pourtant, dans un service communautaire où nous sommes allés ensemble, il s’est fait maquiller et photographier, pour l’Halloween, mais sans costume, et il a aimé cela. Alors, je lui ai fait un costume de pirate à la maison, à partir de vêtements que nous avions, sans rien acheter et il a été content : c'était comme un jeu. Je me suis aussi proposée comme bénévole à son école, cette année, pour l'Halloween et il a accepté de venir avec moi. »

 

Les parents et les thérapeutes ont toutefois d'autres cartes dans leur jeu, lorsque vient le moment de confronter les peurs enfantines, dont les aspects ludiques. Les enfants se montrent plus disposés à se laisser charmer par les jeux ou de petites récompenses. Utiliser cette stratégie qui relève davantage du jeu ou de l'imaginaire peut alors mener à des résultats fructueux, à condition, prévient Geneviève Marcotte, de les adapter à chaque enfant, dont certains ont d'emblée une approche plus rationnelle que d'autres. Afin d'aider les enfants à comprendre ce à quoi la peur du risque les oblige à renoncer, celle-ci n'hésite cependant pas à faire appel à des images irrésistibles pour eux : « J’utilise parfois l’image d’un gâteau au chocolat dans lequel j’aurais laissé tomber un petit grain de sable et je leur demande : "Si tu tombes sur le grain de sable, ce ne sera pas très agréable, mais est-ce que tu laisseras passer la chance de goûter à mon bon gâteau ?" Bien sûr, nous pouvons adapter la recette à chaque enfant. »

 

Mais qu'il favorise le réalisme ou le jeu, l'accompagnement doit toujours viser à ce que l'adulte autant que l'enfant parviennent à gérer leurs peurs de façon autonome. Pour ce faire, ce n'est pas tant le réalisme des réponses qui importe que l'assurance que peut apporter à l'enfant le fait d'avoir lui-même le chemin vers sa résilience. Voilà donc pourquoi, même si la vie semble confronter les enfants à des épreuves, parfois imaginaires, parfois malheureusement trop réelles, qui dépassent leurs moyens d'enfants ou qui ne relèvent pas de leur ressort, le fait de retourner les petits créateurs de scénarios dramatiques aux ressources de leur imagination permet parfois de se construire un univers, si transitoire soit-il, dont ils maîtrisent davantage les règles et où ils se sentent davantage en sécurité. Ainsi, le fils d'Aïda trouvera par lui-même les réponses qui lui permettront d'affronter les angoisses de sa nouvelle vie : « J'ai compris qu'il avait très peur de se retrouver seul, ici, depuis notre migration. Je lui ai demandé ce qu'il pourrait faire, si nous n'étions plus là et il m'a parlé d'un plan : il demanderait aux parents de l'un de ses amis de l'amener à la banque pour qu'il puisse aller s'acheter un billet d'avion pour retourner en Égypte, chez sa grand-mère. Avoir un plan, je sens que cela le rassure. »

 

_____________________________________________________________________


Merci à :


 

Nadia Gagnier, psychologue, conférencière, et auteure de Chut! Fais dodo (2007) et Maman, j'ai peur, chéri, je m'inquiète (2006), tous deux publiés aux Éditions La Presse, Montréal dans la collection Vive la vie...en famille

 

Geneviève Marcotte, psychologue et co-auteure, avec Nathalie Couture, de Incroyable moi maîtrise son anxiété, 6 à 12 ans, Guide d'entraînement à la gestion de l'anxiété, coll. Super héros, éd. Midi Trente, 2011, 47 p.

 

Mylène Ginchereau, psychoéducatrice et auteure de Guide d'accompagnement pour la prise en charge des troubles anxieux chez l'enfant, éd. LBL, Ville Mont-Royal 2012, 117 p.

 

Évelyne Martello, infirmière à la Clinique d'évaluation des troubles du sommeil de l'hôpital Rivière-des-Prairies et auteure du livre Enfin je dors...et mes parents aussi, éd. CHU Sainte-Justine, Montréal, 2007, 113 p.

 

À la Maison des familles de Verdun : Danielle Brouillard, directrice générale, et les mamans Carmen, Aïda et la grand-maman Simone.

 

 

Autres suggestions de lectures :


Béatrice Copper-Royer, Peur du loup, peur de tout, Peurs, angoisses, phobies chez l'enfant et l'adolescent, coll. Questions de parents, éd. Albin Michel, 2003, 229 p.

 

Lyliane Nemet-Pier et Françoise Devilliers. Peur du noir, monstres et cauchemars, Comment rassurer votre enfant, coll. C'est la vie aussi, éd. Albin Michel, Paris, 2009, 135 p.